
Gaza – Nabd ElHaya – Lors d'une visite à l’improviste, une délégation des Nations Unies, comprenant des représentants du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), s’est rendue à la Paroisse Latine de La Sainte Famille, au cœur de la bande de Gaza. Depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023, cette paroisse est devenue le refuge d’environ 500 chrétiens déplacés ayant perdu maison et biens.
Le père Gabriel Romanelli, curé de la paroisse, a déclaré à l'agence de presse SIR – agence officielle de la Conférence épiscopale italienne – que cette visite du 1er juillet est la première venue de cette délégation « La délégation est venue constater notre situation de ses propres yeux, saluer les déplacés et écouter leurs témoignages douloureux et préoccupants », a-t-il affirmé.
Les membres de la délégation ont visité les locaux de la paroisse et les abords de l’église, consacré du temps aux enfants gravement handicapés issus de familles musulmanes et pris en charge avec amour par les Sœurs Missionnaires de la Charité (congrégation fondée par Mère Teresa). Un temps de prière pour la paix a été organisé dans l’église, la délégation s’y est joint avant de repartir en exprimant leur gratitude pour le travail humanitaire et la solidarité de la paroisse, qui s’adresse non seulement aux chrétiens, mais aussi à de nombreuses familles musulmanes du quartier.

Face à l’aggravation de la situation humanitaire et à l’absence de perspectives politiques, le père Romanelli a exprimé son inquiétude face à un scénario qui se répète : « Un jour, on annonce un cessez-le-feu, le lendemain, ce sont des ordres d’évacuation », a-t-il confié à SIR. « Un jour, l’aide humanitaire arrive, le lendemain, elle est bloquée. Les gens vivent sous une pression psychologique énorme, se déplaçant à travers la bande de Gaza avec le peu qu’il leur reste », a-t-il ajouté.
Un silence meurtrier
Le père Romanelli a vivement critiqué ce qu’il appelle le « silence meurtrier » de la Communauté Internationale. Cette inaction silencieuse est aussi dévastatrice que les armes utilisées dans le conflit. Les rapports sur des réfugiés non armés pris pour cibles alors qu’ils attendaient de l’aide se multiplient, des enquêtes sont en cours au sujet des ordres de tirs sur des civils, mais pendant ce temps des milliers de familles restent prisonnières dans la souffrance à Gaza.
L’armée israélienne est sous le feu des critiques après que des informations circulent au sujet de soldats qui auraient ouvert le feu sur des réfugiés non armés en attente d’aide humanitaire. Le quotidien israélien Haaretz a récemment révélé que des ordres avaient été donnés à des soldats de tirer sur des civils. Ces évènements ont donné lieu à l’ouverture d’enquêtes pour d’éventuels crimes de guerre.

Le père Romanelli a également souligné que, malgré des ressources limitées, la paroisse est devenue un rare espace d’espérance partagée entre chrétiens et musulmans face à la guerre et à la privation. « Nous ne faisons aucune distinction – toute personne dans le besoin trouve ici un lieu sûr », a-t-il affirmé, ajoutant que la visite de l’ONU a mis en lumière la résilience de toute la communauté locale
Notons encore que la paroisse de La Sainte Famille est la seule église catholique de rite latin à Gaza. Elle a bénéficié d’une attention particulière de la part du défunt pape François, qui appelait quotidiennement le père Romanelli jusqu’aux derniers jours précédant sa mort, le 21 avril.